- NOUVELLE-ORLÉANS (LA)
- NOUVELLE-ORLÉANS (LA)NOUVELLE-ORLÉANS LAAu centre du littoral du golfe du Mexique, le delta du Mississippi (Louisiane méridionale) constitue sans doute le milieu géographique le plus original de l’ensemble des États-Unis. Original par son contexte physique: les paysages de la région new-orléanaise sont largement dominés par la présence du delta du «Père des Eaux», développé en gigantesque patte d’oie, alignant ses multiples canaux et ses «bayous» à végétation luxuriante, et progressant annuellement de plus de 50 mètres vers l’intérieur du golfe. Original aussi par son histoire profondément marquée par les influences de la période coloniale française: une grande partie des habitants parle encore un français abâtardi du XVIIe siècle, et les lois de l’État demeurent fidèlement calquées — cas unique au sein de l’Union — sur le Code Napoléon.Mais nulle mieux que la capitale, La Nouvelle-Orléans, n’illustre cette spécificité. Au débouché des plaines mississippiennes, à 140 kilomètres du littoral, sur la rive méridionale du lac Pontchartrain, La Nouvelle-Orléans s’est rapidement protégée contre toute éventuelle invasion fluviale (le Mississippi peut connaître des crues catastrophiques) par un système pittoresque de digues. Quoique vulnérable aux raz-de-marée qui l’inonderaient sans peine, la ville, seule cité américaine bâtie au-dessous du niveau de la mer, a su tirer parti de son environnement fluvial et maritime. Ses 20 kilomètres de quais permettent de charrier l’énorme trafic du centre des États-Unis et d’accueillir des navires de haute mer. La Nouvelle-Orléans est ainsi devenue un des principaux ports des États-Unis, avec un trafic de 31,7 millions de tonnes en 1992.Mais cette création française, strictement liée au fleuve, voie de pénétration majeure de l’ancienne Louisiane, a su aussi se doter de toute une gamme d’activités commerciales et industrielles. La vitalité de son marché du coton rappelle la vocation de l’arrière-pays bien que le roi coton ait été largement dépassé par la canne à sucre; celle-ci, implantée par la colonisation française, en déclin au XIXe siècle, a réapparu à partir de 1945, grâce aux efforts gouvernementaux, et surtout depuis 1959 en raison de «l’aventure cubaine».L’extraction du gaz naturel et du pétrole, pratiquée sur 3 700 plates-formes offshore, a mis La Nouvelle-Orléans au premier rang des producteurs américains: cent dix mille personnes travaillaient dans ce secteur en 1990. Outre la construction navale, l’activité économique se concentre sur les industries alimentaire, textile, chimique et électrique. La technologie spatiale et celle de l’aluminium, soutenues par six universités et plusieurs instituts de recherches font de La Nouvelle-Orléans l’un des centres scientifiques et culturels majeurs du sud des États-Unis. La Nouvelle-Orléans a également aménagé son environnement naturel: témoin la construction du canal qui court-circuite plus de 60 kilomètres du Mississippi à la mer. Mais, à l’encontre des grandes agglomérations ultramodernes du Vieux Sud et malgré l’édification de nombreux immeubles et de quelques gratte-ciel, reflet d’un important essor démographique (l’agglomération comptait 1 239 000 habitants en 1990), la vieille ville a su conserver l’essentiel de son charme et la bigarrure de sa triple architecture, antillaise, française et espagnole. Les demeures désuètes du quartier de Vieux Carré notamment, ornées de balustrades de fer forgé, un des lieux de naissance du jazz, contribuent à la vitalité de sa fonction touristique, au même titre que ses fêtes démesurées du Mardi gras.
Encyclopédie Universelle. 2012.